Avec les dérives de plus en plus observées dans l’exercice de la profession, émerge au Cameroun, une nouvelle branche du journalisme qui a un objectif noble : le journalisme de paix.
Un journalisme militant pour la paix ; c’est tout une filière à l’université protestante d’Afrique Centrale. Comment donner la bonne information, en évitant d’attiser les conflits? Comment donner la parole équitablement aux parties en conflit? C’est ce que le journalisme de paix enseigne. Car au terme de leur formation, les apprenants peuvent développer une analyse pointue des discours relayés sur ces foyers de tension. “J’ai appris à avoir une lecture plus stratégique des informations diffusées via les chaînes de télévision internationales et en temps de conflits, en cette époque où le journalisme est fortement influencé par les Etats et les particuliers”, déclare Ruben Nzeusseu, ancien étudiant en journalisme de paix. Les journalistes qui pratiquaient déjà le métier quant à eux, et qui ont bénéficié de cette formation, sont plus responsables et consciencieux dans l’exercice tel que nous l’affirme Valerie Haida, journaliste à la Crtv : “le journalisme de paix, me permet aujourd’hui d’être davantage prudente dans le choix des mots, de juger et jauger avant d’agir. Je veille également à toujours vérifier les informations que j’ai et à les équilibrer”.
Pour outiller ces étudiants-futurs journalistes à faire face aux défis du métier dans le contexte de crises qui naissent de plus en plus dans le monde et en Afrique, une équipe d’enseignants de renom a été sélectionnée. Il s’agit notamment des professeurs Misse Misse, Tchindji et Atenga respectivement expert en communication, en droit des médias et en sciences de l’information et de la communication. Le Docteur Begoumenie Bertrand, enseignant de géopolitique des conflits fait également partie de cette équipe tout comme des journalistes accomplis tels que l’allemande Aya Bach , Dr Bingono Bingono et Haman Mana, pour qui ” le journalisme de paix, c’est d’abord le journalisme. C’est à dire un ensemble de techniques qui s’acquièrent par l’apprentissage : apprendre comment raconter ce que l’on a vu, entendu, vécu ou lu; apprendre à revéler après une enquête, à donner la parole et à persuader.”
Cela fait plus de dix ans que cette formation fait partie des filières de la faculté des sciences sociales et des relations internationales. Son apparition est le fruit d’une collaboration entre l’UPAC et deux organisations allemandes : Pain pour le Monde (PplM), le service protestant de développement d’Allemagne et soutien financier et logistique et le Service Civil pour la Paix (SCP) qui lui apportent un soutien logistique et financier.
L’accès à la formation se fait sur étude de dossiers, aux apprenants de tout bord titulaires d’une licence. Et les enseignements sont suffisamment approfondis ; tel que nous le dit Martin Minko. ” Moi qui suis pasteur et qui vient d’un autre milieu professionnel, le journalisme de paix s’inscrit tout de même en droite ligne avec ma pastorale. De plus, la formation est suffisamment pratique de manière à ce que même un étudiant qui n’ est pas journaliste peut exercer le métier au sortir de celle-ci”. Et si on ne devient pas journaliste, on peut travailler dans des ONG et organisations internationales. Pour le Docteur Begoumenie Bertrand : ” Tout journaliste, influenceur des consciences, conscient des enjeux de la communication et surtout de celle en temps de crise, et soucieux du développement de l’Afrique, devrait se doter des compétences qu’offre cette formation à l’UPAC”. Tout comme le journalisme politique, le journalisme de paix est désormais une spécialisation de la profession, qui obéit aux exigences de son temps.
Larissa Carole Etongo.